Dates : 19, 20 et 21/11/2015 en soirée
Lieu : Maison de quartier Audiberti à Palaiseau
Nous voyons trop souvent les intellectuels à travers les petites phrases et les polémiques construites par les médias. Les années 70 où l’explosion des sciences humaines avait presque chassé les romans des librairies est bien loin et le débat public pourrait, aujourd’hui, être plus riche qu’il n’est. Où trouver les analyses, les socles sur lesquels s’appuyer pour s’interroger, débattre et in fine forger sa propre opinion ?
Ces questions nous ont amenés à retrouver le chemin des librairies. Nous y avons rencontré plusieurs auteurs et autant de pistes. Nous avons eu envie de partager nos découvertes avec vous. Notre choix est parfaitement subjectif et au premier abord hétéroclite. Comment croiser Philippe Murray, pamphlétaire de droite et Fred Vargas, auteure de romans policier et médiéviste à la fibre écologique ? Quoi de commun entre Alain Badiou qui défend mordicus « l’hypothèse communiste » et Pierre Rabhi qui a tiré de son expérience de vie la notion de « sobriété heureuse » ? Quels liens entre Bernard Stiegler qui s’interroge sur la révolution numérique et le danger de voir les industries culturelles façonner de parfaits consommateurs et le « Comité Invisible » qui illustrait naguère les tentations anarchistes que les impasses des sociétés font renaître régulièrement ? Pourquoi faire appel à Simone Weil ou Hannah Arendt dont les travaux sur les totalitarismes et la condition ouvrière concernent le début du XXe siècle ? Sont-ils donc toujours d’actualité ?
Nos lectures nous ont amenés à observer entre ces auteurs des points communs. Rien d’étonnant cependant à ce que les constats critiques des uns et des autres se recoupent ; ils observent la même réalité. Plus surprenant, ces pensées se construisent autour de thèmes communs, ainsi de l’expropriation : artisan transformé en prolétaire exproprié de son savoir-faire, chacun d’entre nous privé petit à petit de son savoir-être et façonné en parfait consommateur, coupé de ses liens avec la nature, avec au paroxysme des totalitarismes l’expropriation de chacun de sa qualité d’homme.
« Et maintenant, on fait quoi ? »
On ne s’étonnera pas que lorsqu’arrive le moment de répondre à ces questions les réponses de nos auteurs divergent et c’est tant mieux. Mais, même lorsqu’il s’agit d’action, les problématiques se croisent. Comment « tenir le point » dans un moment historique peu difficile ? Faut-il s’appuyer sur des démarches individuelles au risque de sombrer dans l’impuissance ? Faut-il s’organiser en un parti puissant quitte à perdre dans la conquête du pouvoir les raisons mêmes qui avaient conduit à le rechercher ? A chacun de chercher, seul ou à plusieurs, avec ces auteurs et bien d’autres pour construire sa propre opinion, son propre chemin.
Et ces questions, ces textes feraient un spectacle ? Ce sera à vous d’en juger – avec bienveillance – lorsque vous aurez rencontré sur le plateau les cinq clowns qui se sont lancés dans cette aventure avec l’espoir de vous faire passer un bon moment et qui auront, derrière leurs masques, osé faire paraître devant vous quelques auteurs pour partager leurs réflexions.
Caroline, Fabienne, Daniel, Jean-Claude et Michel se sont lancés dans cette aventure il y a plus d’un an avec la dose de folie indispensable, poussés aussi par l’énergie communicative qui s’accumule parfois entre la Bastille et la Nation.
Le groupe qui s’est formé ainsi souhaite mener à bien son voyage et, comme tous comédiens, surtout amateurs, il a besoin, pour cela, de vous.
Votre attention s’il vous plait.
Je souhaite dire quelques mots, au nom de toute la troupe. Depuis que nous travaillons sur ce projet, nous avons été régulièrement interpellés par des événements : attaques contre le supermarché casher et Charlie Hebdo, noyés en Méditerranée, montée de la haine de l’autre, et, il y a seulement quelques jours, attentats à Paris. A chaque fois, nous nous sommes interrogés : faut-il modifier notre projet ?
Aujourd’hui à nouveau, notre réponse a été la même : tenir notre cap, tenir notre point. Nous pensons qu’au cours du moment que nous allons partager ensemble, quelque chose de précieux, à peine perceptible bien sûr, mais une part subtile d’humanité et de compassion rejoindra les victimes, leurs proches et tous ceux qui souffrent de la part humaine de bêtise et de barbarie.
Merci de votre attention.
- ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
- Le système totalitaire. Hannah Arendt.
- De quoi Sarkosy est-il le nom ? Alain Badiou.
- La Bonne Ame du SE-Tchouan. Bertolt Brecht.
- L’insurrection qui vient. Comité invisible.
- Vers la sobriété heureuse. Pierre Rabhi.
- Aimer, s’aimer, nous aimer. Bernard Stiegler.
- Pour une nouvelle critique de l’économie politique. Bernard Stiegler.
- La condition ouvrière. Simone Weil
- … et la complicité de Fred Vargas lors des Européennes 2009