2011 – Perspective (prologue et épilogue)

Auteur : Michel Ribes
Compagnie : Théâtre à corps
Lieu : Salle des fêtes, Palaiseau, à l’occasion du vernissage du salon des Artistes Peintres & Sculpteurs de Palaiseau
Dates : Novembre 2011
Rôle : Solo, la guide

 

  • A l’heure de la représentation, Julie, en guide, invite tout le monde à entrer (s’ouvrir à ce qui se passe) Elle est vive, souriante, efficace, a un accent espagnol, elle parle fort tout le temps par habitude : Mesdames et Messieurs, la visite va commencer, veuillez approcher. Oui tout le monde est bien là. N’oubliez pas d’éteindre vos portables si non vous allez troubler la folle ambiance de ce lieu.
  • Rapprochez-vous ! Ensemble ! Tous ensembles ! Pas trop loin les uns des autres. Tout le monde est bien là Bon ! La visite peut commencer.
  • Julie monte sur la scène et regarde le public :

Tout d’une seule portée de béton, les bras levés montrent la puissance de la poutre. Vous remarquerez que, quelle que soit votre place, aucune ligne ne s’éloigne de vous, L’architecte a annulé (fait disparaître) toutes les règles de la perspective. Changement de rythme La perspective étant une ligne de fuite pour l’oil où . le regard se perd (le bras en avant vers le haut du public, montrant comment le regard se perd).espérant un mieux, là bas, plus loin, (toujours vers le fond du public) Sachant bien qu’il n’y a du mieux nulle part, l’architecte a supprimé (gomme) tout tracé favorisant cette illusion. Exagérer la gomme Marquer l’étonnement Le bâtiment n’a non seulement aucune perspective interne, Marquer la surprise Mais ne s’inscrit à l’extérieur dans aucune perspective d’un autre bâtiment (désigne côté jardin), Marquer la surprise Il ne prolonge aucune avenue, aucun parc public (montre le parc), Marquer la surprise Et ne paraît dans aucun plan de la ville distribué aux touristes (vous le public). Ce bâtiment surgit soudain dans l’espace urbain. Très grand gestes pour URBAIN Ce bâtiment est une surprise pour le promeneur (il se cogne au bâtiment) qui le découvre tout à coup devant lui dans ses vraies dimensions (Elle se penche en arrière pour simuler la grandeur du bâtiment) et non pas minuscule comme il aurait pu l’apercevoir au loin (en montrant dans ses mains un petit cube) s’il avait été construit à l’extrémité d’un boulevard, laissant peut-être espérer au passant qu’il s’agissait d’un (se pose la question de savoir quoi ?) hôpital, (s’adresse au public) hôpital où il pourrait faire soigner sa mère, Et donc (simule le passant qui court et qui est complètement dérouté) accablé accourant à bout de souffle et découvrant qu’il s’agissait d’un musée, (s’adresse au public) Les effets de la perspective ayant probablement d’ici là tué sa mère à qui des soins urgents auraient du être donné dans (questionnement du public) un hôpital et non dans un musée (montre le lieu) Elle élève progressivement le ton sur le registre de l’énervement ou de la folie Et surtout imprimant dans l’esprit de cet homme (montrer la folie avec les mains près des tempes) Une image définitivement négative du musée, Celui là, mais de tous les musées, Musée de peinture, (faire le portrait d’une personne), Musée de sculpture, (montrer les formes de corps et statue), Musée de porcelaine de région, (mimer un vase) musées dans lesquels il se refusera à jamais d’entrer, lui ôtant ainsi toute possibilité d’un réconfort immense par le côtoiement de gens beaucoup plus malheureux que lui qui se sont sortis de leur merde en créant des ouvres d’art(faire la statue) aujourd’hui exposées dans ces musées (montrer le lieu) , justement où il ne veut plus entrer à cause de la mort de sa mère. Avec un air catastrophé et changeant de registre selon la langue, il y a urgence : La perspective est nuisible à l’homme, (au centre) The perspective is bad for human being, (vers public jardin) La perspectiva es muy mala para los hombres.( Au public vers cours) Restez là près de moi, ( avec un sourire légèrement fou ) Sinon vous risquez de devenir tout petits, (montre avec les deux mains un cube minuscule) Ne vous éloignez pas, queda a proximidad de mi por favor (vers public cours) . Be carefull . little . little.(vers public jardin) (Voir une personne dans la salle) non mademoiselle pas trop loin s’il vous plait. (Prendre un air d’angoisse) La perspective est dangereuse à partir de deux mètres de moi . A partir de deux mètres, je vous sens diminuer… (en se baissant légèrement) Ensemble. (vers jardin)) On avance ensemble. together (vers public cours). L’éloignement nous rapetisse. (Ratatinée et un tic nerveux). N’oubliez jamais ça . c’est ensemble que nous sommes ce que nous sommes. ensemble. Il n’y a aucune issue dans la perspective. ne vous éloignez pas. Ensemble, tous, c’est la seule façon de rester égaux La seule façon. tous ensemble. (Fait un demi-tour juste près du rideau jardin – puis se redresse progressivement et va examiner les tableaux fictifs du fond de scène et revient vers public cours) Bien mesdames et Messieurs, Nous voici devant une ouvre très importante (montrant le public avec de très grand gestes) : par ses dimensions, Où l’artiste renouant avec l’art pom . pier A voulu montrer les dangers de la nature (de la nature humaine vers public), Du scoutisme (marche militaire vers jardin), De la pensée chlorophyllienne (simuler des plantes grimpantes) Et surtout de la pureté (silence mystique) Vers public : Voilà, la visite du musée est maintenant terminée, je vous remercie de bien vouloir sortir par le grand hall, en restant bien groupé, si vous ne voulez pas être happé par des perspectives illusoires et devenirs touts petits (remontrer le cube en souriant de manière folle ), C’est ensemble, tous ensemble, qu’on demeure égaux (tous se regroupent derrière la guide).. Ensemble, tous ensemble.. Ensemble (se retourner) tous ensemble.