Bestiaire

         

         


 

Ardéiforme 1

  • Date de réalisation : 2003
  • Matériau : bois et métal
  • Hauteur : 133 cm
  • Largeur : 63 cm
  • Profondeur : 37 cm
  • Poids : 11 kg

J ‘avais envie cette fois de réaliser une sculpture alliant bois et un autre matériau tel que le métal ou le plastique.

Une pièce de bois attendait dans mon sous-sol depuis plusieurs années, un morceau de pin que j ‘avais stocké. J ‘étais toujours dans ma période fantasmagorie. Je me suis mise à faire de nombreux croquis d’oiseaux fantastiques. Je voulais réaliser une sculpture qui n’ait pas besoin de socle, directement posée sur le sol, mais d’une certaine hauteur. 

A partir de quelques croquis j’ai réalisé un modèle en terre qui m’a rapidement donné les directions pour la tête et les pattes. Pour la pattes, j’avais récupéré une galette de pin, lors d’une journée « la fête des bûcherons » à Palaiseau. Un bûcheron m’avait volontiers donner des chutes des troncs de pin qui avaient été débités pendant le concours. Dans cette pièce j’ai sculpté les pattes de l’oiseau. Le bois est un matériau vivant et la galette de pin s’est fendue. Le bois avait été coupé de fraîche date et n’avait pas eu le temps de sécher. 

Je venais juste de terminer les pattes, et je n’avais pas du tout envie de recommencer. La seule solution pour remédier à ce fâcheux incident fut de cercler la base et de combler la fente avec avec un mélange de colle et de sciure. Dans l’autre pièce de pin, j’ai réalisé le corps, avec moins de difficulté, puisque cette pièce déjà ancienne était complètement sèche. 

Il me fallait ensuite relier le corps et les pattes. A l’aide de deux barres de fer à béton légèrement pliées, j’ai pu créer les pattes et donner du mouvement à cet oiseau. Il ne manquait plus que le bec, qui lui aussi était constitué de deux barres de fer à béton soudées entre elles au niveau de la tête.

Et pour terminer une sphère en bois a été placée à l’extrémité du bec pour donner l’alternance bois-fer-bois-fer-bois et créer ainsi une harmonie à l’ensemble de cette ouvre. 

Ardéiforme 2

  • Date de réalisation : 2004
  • Matériau : bois et métal
  • Hauteur : 130 cm
  • Largeur : 43 cm
  • Profondeur : 40 cm

Forte de ma première expérience avec Ardéiforme, j’ai eu envie très vite de réaliser une deuxième sculpture dans le même esprit. J’avais déjà réalisé plusieurs croquis pour la première sculpture. 

Je n’avais donc qu’ à choisir un dessin. La réalisation a été plus aisée, je savais où je voulais arriver. Plusieurs pièces de bois attendaient dans le sous sol. J’ai pris un morceau avec un embranchement, pour en tirer partie. Ce fruitier, un peu dur, s’est facilement laissé apprivoiser. Et ce fut un vrai régal que de le tailler. 

Pour le socle, j’ai utilisé des morceaux d’un tronc de pin d’un jardin en Bretagne. Cette étape a été plus délicate, cette essence de bois étant moins agréable à tailler. 

L’assemblage s’est effectué tout naturellement. 

Ardéiforme 3

  • Date de réalisation : 2005
  • Matériau : bois et métal
  • Hauteur : 130 cm
  • Largeur : 43 cm
  • Profondeur : 40 cm

Après avoir réalisé deux ardéiformes, je n’avais pas envie de passer à autre chose. J’avais encore dans la tête des formes pour cet oiseau. Alors j’ai recommencé. J’avais tout les matériaux pour le réaliser : le bois pour le socle et les pattes, le fruitier pour le corps et les fers à bétons pour l’assemblage. 

Plus aérien que le premier, moins introverti que le second. Celui -là est prêt à s’envoler. 

Les trois ardéiforme ont été exposées ensemble. L’effet était très intéressant et j’ai intitulé cet ensemble « Conversation à trois ».


Chat et Souris

  • Date de réalisation : 1994
  • Matériau : chamotte
  • Hauteur : 21 cm
  • Largeur : 20 cm
  • Profondeur : 32 cm
  • Poids : 2,3 kg

A l ‘atelier, le sujet du jour était la sphère.

Comment à partir d ‘une sphère concevoir une sculpture. C ‘était évidemment un exercice de créativité. Mais comment aborder ce thème. A partir d ‘une boule en terre qui était posée devant moi sur la table, je cherche timidement à lui donner une autre forme. Mais les heures passent et rien ne se passe. La terre reprend sa forme de boule. 

C ‘est toujours une sphère avec des rajouts de terre ou des trous, une sphère déformée qui n ‘est devient plus une ! Bref rien ne vient. Deux séances s ‘écoulent ainsi sans aboutissement, et toujours dans le même état d’esprit. 

La troisième séance se profile, le ras le bol est là tout proche. C ‘est décidé le thème ne me plait pas. Je viens d ‘avoir un chat et donc je vais sculpter un chat. 

C ‘est à ce moment là que tout s ‘est éclairé. Je vais effectivement sculpter un chat mais dans une position se rapprochant de la sphère. C ‘est parti, de ma boule de terre se dégage un chat qui fait le gros dos. A la fin de la séance mon modèle prend forme. Une pointe d ‘humour se dessine et j ‘ajoute sur ce dos rond une souris.

Souris et chat

  • Date de réalisation : 1994
  • Matériau : pierre
  • Hauteur : 21 cm
  • Largeur : 20 cm
  • Profondeur : 32 cm
  • Poids : 4,8 kg

Une fois le modèle terminé (chat et souris), la phase de sculpture sur pierre peut commencer. J ‘essaie de la réaliser en respectant au plus près les dimensions et l ‘esprit un peu bande dessinée du modèle. La pièce en terre cuite est blanche, c ‘est de la chamotte. La sculpture est en craie de Paris et donc blanche aussi. Cela me gène, car j ‘ai envie de les exposer ensemble. Qu ‘ à cela ne tienne, je teinte et cire la pièce en terre dans des coloris terre de sienne foncé. Mais le résultat ne me satisfait pas. Je décide de la peindre entièrement en noire.

Aujourd’hui c ‘est un chat banc et un chat noir qui se répondent.

 


 POISSONS

  • Date de réalisation : 1990
  • Matériau : pierre
  • Hauteur : 20 cm
  • Largeur : 61 cm
  • Profondeur : 5 cm
  • Poids : 10,4 kg

Ce sont mes premières études de travail sur la pierre en bas relief. Pour respecter les proportions et ne pas se laisser aller à la fantaisie, quoi de plus naturel que de prendre comme exemple les dessins d’Escher. 

De la symétrie, des lignes simples mais toujours justes pour donner l ‘impression de continuité dans l ‘infini. Sur le dessin c ‘est techniquement plus « simple » pour respecter les dimensions. Sur la pierre, les contraintes du matériau sont autant d ‘obstacles à franchir pour parvenir à approcher l ‘exactitude du modèle. 

C ‘est un travail lent et minutieux. Cependant à la différence du dessin, le modelé est le moyen de l ‘évasion. Les différents plans inclinés donne à cette représentation son côté artisanal.

 


 

Palilalie

  • Date de réalisation : 2003
  • Matériau : buis
  • Hauteur : 56 cm
  • Largeur : 49 cm
  • Profondeur : 17 cm
  • Poids : 4,5 kg

J’ai reçu en cadeau un très beau morceau de buis. C’était un tronc d’un très vieux buis. De ce bois noble je souhaitais en exploiter le maximum de sa forme naturelle. Mais je n’avais aucune idée quand à l’objet que je pourrai bien réaliser.

A l’atelier je me suis mise à compulser des revues. Une soirée entière consacrée à la recherche et rien ne venait. J’allais quitter l’atelier lorsque je remarque sur une photo un vase dont l’anse était très travaillée. Deux serpents s’entrelaçant.

Je me suis dit que c’était une idée intéressante à creuser. Avec de la terre j’ai fait deux colombins que j’ai entortillés ensemble. A chacune des extrémités j’ai sculpté des têtes. Et c’est de ce modèle en terre que palilalie est né. Une tête de chien-loup à la base dont la langue cherche à retenir en se nouant un serpent-souris.

Au moment de sculpter je me suis fait des frayeurs, je n’arrivait plus à distinguer où était la langue du chien-loup, du corps du serpent. Le travail du buis fut formidable. Un bois extraordinaire à tailler, un légère odeur agréable et un rendu tactile très doux.

Le nom de cette ouvre est partie d’une définition du dictionnaire.

Palilalie : Répétition rapide d’un même segment, habituellement syllabique mais parfois plus complexe, durant quelques instants avec une baisse progressive de l’intensité de la voix (palilalie aphone).

Ce problème concernant la langue illustrait à merveille les tours de langues du chien-loup autour du serpent-souris.


Dragon et Chien

  • Date de réalisation : 1995
  • Matériau : pierre
  • Hauteur : 67 cm
  • Largeur : 73 cm
  • Profondeur : 15 cm
  • Poids : 36,2 kg

J’étais à l’atelier à Antony et nous en étions au rond de bosse. Chantal, notre professeur, nous avait apporté un dessin de bas relief pris sur un haut de chapiteau d’un monastère ou d’une église. Je devais partir du dessin pour en réaliser in fine un rond de bosse. 

La surprise fut grande lorsque j’ai vu les dimensions de la pierre : hauteur 67 cm, largeur 73cm jusque là tout allait bien, une belle pièce pour ma première grande sculpture. Mais 15 cm seulement d’épaisseur ! Le problème était là. Comment donner du volume dans si peu épais. Comment faire pour mettre un dragon et un chien, l’un au premier plan et l’autre au second plan ?

La première étape fut d’établir sur papier toutes les faces (avant, arrière, côtés, dessus) pour s’imaginer comment placer les deux animaux. Bien sûr, le truc, était de les faire s’entremêler pour gagner sur l’épaisseur. Mais ce qui voulait dire qu’au moment de la taille, l’exercice ne serait pas facile du tout !

J’y suis allé avec beaucoup d’appréhension. Ce fut découverte sur découverte. J’avançais très lentement, enlevant peu de matière à chaque séance. Exerçant mon oil à imaginer les faces cachées, les liens possibles et impossibles entre deux bêtes. L’ensemble s’est dégagé progressivement, les traits se sont affermis, mais tout en restant dans la rondeur. Malheureusement, certaines parties très peu épaisses n’ont pas résistées à mes coup de massette et se sont cassés.

Ce fut l’occasion d’apprendre comment restaurer la pierre. Pas de recollage avec de la super glue ! De la vraie restauration, avec tonnons et mortaises, plâtre, poudre de pierre et colorant. C’est Luc à l’atelier qui m’a initié à cette technique minutieuse mais réellement efficace. Pour donner un touche toute personnelle, j’ai placé une lance en bois avec un embout en laiton. Histoire de donner de la force à cette scène.


 

Chouette

  • Date de réalisation : 1998
  • Matériau : pierre

Un jour que je n’avais pas de projet particulier, ou plutôt que je n’avais pas envie de continuer mon grand projet de frise (fantasmagorie), je me suis mise à vagabonder sur un morceau de craie que j’avais gardé au cas où…

J’ai vu que je pourrais y inscrire une chouette. J’étais dans ma période fantasmagorique et je n’avais pas dessiné ni sculpté de chouette dans ma frise. Alors j’ai pris mon marteau, les gouges et j’ai taillé directement. Je suis quand même allé regarder dans différents livres comment était faite une chouette, histoire que cela ressemble un peu.


 

Tête d’aigle

  • Date de réalisation : 1991
  • Matériau : pierre
  • Hauteur : 19 cm
  • Largeur : 20 cm
  • Profondeur : 14 cm
  • Poids : 4,5 kg

Voici mon premier rond de bosse taillé dans de la craie tendre. Trois faces seulement ont été taillées. L’idée était de capter le regard de l ‘animal. Un aigle. C’était aussi l’apprentissage de la taille directe à partir d’un dessin et non pas à partir d’un modèle en terre. La taille dans de la pierre tendre a permis de travailler plus aisément l’oil de l’oiseau.

La difficulté rencontrée lors de cette réalisation fut de rendre la légèreté du feuillage qui cache une partie du rapace. Il fallait donner la bonne épaisseur aux feuilles sans les faire trop fines car elles risquaient de se casser, ni trop grosse ce qui aurait alourdi la pièce


 

Renoille

  • Date de réalisation : 2004
  • Matériau : plâtre peint à la tempera
  • Hauteur : 108 cm
  • Largeur : 50 cm
  • Profondeur : 45 cm
  • Poids : 28 kg

La tempête de 1999 a fait de gros dégâts dans les forêts françaises. Certains gros et/ou anciens arbres sont tombés . Tout ce bois a été dégagé progressivement et a été stocké dans des parcs ou dans des scieries. C’est en me promenant en Bretagne que j ‘ai remarqué un jour, un tronc d ‘arbre de belle dimension qui était au fond d ‘une scierie debout, et non pas allongé comme tous les troncs prêts à être débités. 

Ce chêne avait été transporté depuis la forêt de Rambouillet et attendait d ‘être exploité. J ‘ai donc demandé si je pouvais l ‘obtenir et le réserver le temps de trouver le moyen de le transporter à Palaiseau, près de Paris. A partir de ce moment j ‘avais les dimensions du tronc : 1,90 m de haut, 0,90 de diamètre en bas et 0,80m de diamètre en haut. 

Je voulais réaliser un enchevêtrement de formes. L ‘idée de l ‘enchevêtrement de formes est passé à un enchevêtrement d ‘animaux fantastiques. Ou plutôt, un défilé d ‘animaux grimpants les uns sur les autres. Je ne voulais pas réaliser un totem, trop statique, mais quelque chose de plus aéré. 

Quelques croquis rapides ont été réalisés sur papier. Puis un dessin plus structuré à l ‘échelle sur 4 faces. Mais cela était insuffisant pour démarrer directement sur la pièce de bois. Avec des blocs de polystyrène collés entre eux pour reconstruire un bloc à l ‘échelle 1/2, j ‘ai pu tailler pour me rendre compte des contraintes auxquelles j ‘allais devoir faire face. 

En effet certaines zones fragiles comme les queues et les pattes se sont cassées lors de la taille dans le polystyrène. Ce qui m ‘indiquait que ces zones allaient sans doute être des zones de forte tension dans le bois. Sur ce support, j ‘ai appliqué un enduit au plâtre et renforcé par la même occasion les zones fragiles. 

L ‘ensemble est devenu plus trapu mais toujours aéré. 

Cette sculpture en plâtre m ‘a donné envie d ‘aller plus loin sur le modèle. J ‘ai eu envie d ‘en faire une oeuvre achevée. J ‘ai donc appliqué une peinture à la tempera, technique que j ‘avais acquise sur d ‘autres oeuvres. Une couleur unique pour le fond, un ocre jaune, et du noir pour souligner les particularités des sujets de cette oeuvre. 

A la base on trouve une femme animal-grenouille. C ‘est elle qui a donné le titre à cette oeuvre. Elle est la base et soutient tout ce qui se passe au dessus. Sur sa queue, un oiseau-chouette est installé, statique, mais supportant stoïquement le poids de l ‘animal-félin qui prend appui sur ses pattes de derrière sur la tête de l ‘oiseau-chouette. Ce félin qui se tord pour descendre de cette ronde. Ses pattes de devant prennent appui sur la femme animal-grenouille. Celle-ci est légèrement écrasée mais arrive tout de même à supporter tout ce poids. 

Sur le dos du félin une animal-phonix essaie de déployer ses ailes. Mais lui aussi doit supporter un oiseau-ardéiforme au pattes raccourcies. Cet oiseau est le chapeau de cette oeuvre, il coeuvre l ‘ensemble de ce cortège. On y trouve tous les éléments essentiels à la nature : l’eau avec la femme animal-grenouille, la terre avec l’animal-félin, le feu avec l’oiseau-phonix et l’air avec l’oiseau-ardéiforme. L’oiseau-chouette est là pour rappeler la nuit et ses sensations étranges.