2022 – Caroline – évasion

EVASION, DE CAROLINE, INAUGURÉ LE 03 AVRIL 2022

Le retour de après deux années de pause.

C’est au sortir de cette longue période de pandémie que je me suis dit qu’il fallait se réveiller et se lancer de nouveau dans des projets. Longue période de maturation. J’avais en effet depuis plusieurs années une idée d’une œuvre en volume et mobile.

Pour remonter dans le temps, en 2007, j’avais accompagné Yves lors d’un déplacement professionnel à Kyoto. Je partais la journée à la découverte des parcs, jardins, temples, ruelles et Musées. J’avais avec moi un carnet de croquis dans lequel je notais ce qui me plaisait et qui pourrait peut-être me servir de source d’inspiration plus tard pour des projets artistiques. Le Mur n’était pas encore lancé !

Dans les œuvres et sculptures que j’ai regardées, il y avait un tableau dont je n’ai pas noté l’auteur qui m’avait interpellé. Pas de souvenir du contenu du tableau, juste des petites figures humaines stylisées qui bordaient ce tableau. J’ai noté rapidement sur mon carnet ces dessins et une fois rentrée à l’hôtel, j’ai fait 2 croquis de ce qui pourrait être plus tard une sculpture.

Puis les années ont passé et je suis passé sur des travaux artistiques différents. C’est en démontant un portemanteau en fer et bois que j’ai pensé que je pourrais peut-être utiliser la boule en bois clair pour en faire une tête et utiliser du fil de fer pour faire le corps du personnage. En 2019, avant la crise sanitaire, je m’étais décidée à reprendre cette idée de personnages mais dans l’esprit du Mur. J’ai fait plein de tentative de soudure pour réaliser des corps en fil de fer mais sans succès. Ca ne tenait pas, le fil de fer était trop souple ou trop rigide.

Je me suis donc concentrée sur le support, puisque je n’avais pas encore trouvé la technique pour réaliser les personnages. Comme j’étais partie pour une œuvre en volume et mobile, je trouvais donc intéressant d’assembler les 4 toiles de manière à pouvoir faire pendre une corde qui allait forcément bouger.

Avec l’aide d’Yves pour construire le support de manière solide, nous avons assemblé, puis fixé les toiles entre elles et je les ai recouvertes de toile de jute. Ah oui ! Je voulais réaliser une œuvre avec un maximum de matériaux de récupération et donner à l’ensemble un côté brut.

Nous avons donc récupéré des lattes de sommier pour faire un chemin qui monte et qui permettrait de positionner les personnages.

Début 2021, j’ai repris mes expériences pour trouver comment réaliser mes personnages. C’est Yves qui a trouvé la solution. Avec du câble électrique en cuivre je pouvais modeler les corps et fixer bras et jambes sans soudure. Une bombe de peinture noire et le tour était joué. En un weekend j’ai réalisé tous mes personnages. Ce fut un véritable plaisir de créer cette chaîne humaine. Je ne voulais qu’elle soit trop sinistre après la période que nous venions de traverser, mais une sortie … une évasion.

 


 

 

2019 – Caroline – avant que tout ne parte en fumée

AVANT QUE TOUT NE PARTE EN FUMEE, DE CAROLINE, INAUGURÉ LE 02 NOVEMBRE 2019

ce nouveau avec les boites d’allumettes de nos collections .

En rangeant le grenier, je suis tombée sur un vieux carton contenant notre collection de boîtes d’allumettes, datant des années 1980. J’étais prête à jeter ce carton, car je ne voyais plus l’utilité de le garder. Mais comme souvent, j’ai commencé à regarder chaque sous boite qui contenant des collections incomplètes. Une vague de nostalgie m’a envahi et je ne souhaitais plus jeter le carton. Mais alors qu’en faire ?

J’ai laissé le carton traîner sur la table du salon, sachant que chaque fois que je le verrai, je chercherai à trouver une proposition de réutilisation. C’est alors que je me suis dit que le concept « le mur » pourrait être une belle alternative à une exposition de boîtes d’allumettes.

L’idée était là, dès lors elle ne m’a plus quitté. J’ai pris 4 toiles de 80X80 et j’ai commencé à positionner les petites boîtes d’allumettes. Très vite j’ai vu que je pouvais faire 4 thèmes :

Les voyages : Série d’avions, série de train, la marine, les régions de France, le patrimoine

L’abécédaire : 2 séries non complètes … trouver les lettres manquantes

L’art : Série BD, série de dessin d’enfant, série les trucs du petit futé

Les femmes : Série des coiffes de femmes des régions, série de la journée internationale des femmes

J’avais beaucoup de boîtes en plusieurs exemplaires, j’ai donc superposé les boîtes identiques, pour faire une sorte de Ma-jong. Je souhaitais qu’il y ait du volume sur la toile.

J’avais donc positionné les petites boîtes d’allumettes sur les toiles blanches. J’étais arrivée à une composition presque satisfaisante.  Mais l’arrière-plan ne me convenait pas.  Trop plat pour le thème. C’est alors que je me suis dit que je pouvais peut être exploiter l’arrière des toiles. Et faire un « pseudo » cabinet de curiosités. Yves a été mis à contribution pour articuler les toiles et trouver le système de fixation au mur.

J’allais coller les boîtes d’allumettes quand je me suis dit que c’était dommage de ne pas garder les explications au dos. J’ai donc photographier toutes les boîtes d’allumettes recto/verso et j’ai réalisé un livre photo pour l’expo.

Pour certaines petites boîtes j’hésitais sur laquelle des deux faces j’allais mettre en visibilité. Certaines images étaient très intéressantes. Alors je les ai suspendu à un fil. En plus d’avoir une oeuvre en volume, j’avais une oeuvre mobile.

Pour le titre C’est Yves qui l’a trouvé, il ne me restait plus qu’à faire le carton d’invitation .

2018 – Caroline & Corentin – eXpo KanaK

EXPO KANAK, DE CAROLINE & CORENTIN, INAUGURÉ LE 06 OCTOBRE 2018

Chers amis,

J’ai de la chance parce que j’aime parler devant les autres, et maman m’a donné une occasion en or aujourd’hui. J’ai même préparé un texte, et je dois dire que j’ai eu un peu de mal à l’écrire. Bon, la partie sur le fait que j’ai eu du mal à l’écrire, ça, ça allait, c’était facile à écrire. Mais ce qui suit…

J’ai commencé par me poser quelques questions : quoi dire, à qui et pourquoi ?

Quoi dire ? Je trouvais l’occasion intéressante pour parler de ce que sont les souvenirs, en l’occurrence vous l’aurez compris cette expo Kanak a un lien avec un passé commun direct avec papa, maman, mamie Yvonne, avec Thomas aussi, et indirectement avec beaucoup de monde… bref parler de ce qu’est la vie grâce aux souvenirs. Il y a des phrases que seul le Chardonnay permet d’écrire – celle-ci en est une. Et puis creuser autour de la nostalgie, puis glisser tranquillement sur le temps qui passe pour terminer sans s’en apercevoir sur le sens de la vie. Donc on a un vaste programme et je vais devoir parler vite.

Alors à qui le dire ? A moi d’abord, bien sûr et puis à vous tous étrangement réunis aujourd’hui. Antoine, que certains connaissent, m’a fait découvrir – je crois me souvenir qu’il l’avait emporté au Chili – l’éloge de la fuite par Laborit. Dans ce bouquin Laborit explique qu’on ne vit que comme étant la collection des liens qu’on a tissés avec les autres. Il dit aussi, je crois, que c’est pour ça que la mort d’un proche nous effraie : elle fait disparaître un peu, parfois beaucoup, parfois énormément, de ce que nous sommes. Epicure il le dit aussi, je crois : la mort pour soi ce n’est pas grand-chose. Mais pour les autres… En gros, on n’est pas seulement un point du graphe des 7 milliards d’individus, on est surtout l’ensemble de nos arrêtes. Vous demanderez aux spécialistes – Paulin, Thibault – les termes techniques. Et ça, ça explique par exemple assez bien le succès de Facebook. Mais pas complètement ! Parce que l’assemblage que l’on réalise aujourd’hui, on le fait sans Facebook. Et voilà la réponse à qui le dire : à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont liés à cette maison, y ont un souvenir, deux ou mille, ou y ont même passé le morceau d’une vie.

Pourquoi le dire ? Surtout parce que ça me fait plaisir, aussi parce que c’est un peu la classe. Et enfin parce que, si on ne vit que de ses liens, alors il faut les faire vivre et ce jour est une bonne occasion. Quitte même à en nouer de nouveaux ?

Et puis, et puis je suis un grand émotif à ma manière. J’ai lu il y a quelques semaines dans Houellebecq une superbe phrase : « On se souvient de sa propre vie, écrit quelque part Schopenhauer, un peu plus qu’un roman qu’on aurait lu par le passé. Oui c’est cela : un peu plus seulement. ». Cette phrase, elle est précieuse pour au moins deux raisons. D’abord je ne crois pas que Schopenhauer ait jamais écrit ça. On pourrait s’y attarder, ça questionne la vérité, un concept parfois flou… Mais aussi et surtout, ça introduit très bien mon sujet : on ne se souvient de sa vie un peu plus seulement que d’un roman lu. Alors qu’est-ce que ça pèse un souvenir ? Et pourquoi ce « un peu plus » est en fait crucial ? On peut faire tout de suite une petite parenthèse sur les expériences de conscience modifiée, hypnose, chamanisme ou alcool – mais on va se perdre.

Alors partons d’un exemple : le souvenir du jour où j’ai acheté un morceau de santal sur l’ile de Lifou en loucedé. Quel jour ? Je ne sais pas dire, mais je pourrais peut-être le retrouver avec un calendrier et en fouillant mes vieilles notes, les photos… Un morceau de santal – ça oui je m’en souviens. Je me souviens qu’il a donné deux coupes pour qu’il soit à une taille raisonnable mais c’est un peu flou dans ma mémoire, je me souviens que j’ai lâché en gros cent balles – comme quoi on note au passage qu’il y a des choses dont on se souvient plus facilement que d’autres – je dois encore 23€ à Claire, je le dis au passage… mais je ne me souviens pas de beaucoup plus que ça. Lifou, je me souviens de la quiétude – mais c’est un concept, alors est-ce qu’on peut se souvenir d’un concept ? Peut-être, on appellera ça le travail de mémoire, alors.

Et là, parce que le champagne se réchauffe donc il faut que j’abrège, là on voit deux choses : d’une part ce qu’est réellement le souvenir : une construction intellectuelle produite par notre mémoire et d’autre part ce qu’est la nostalgie, qu’on pourrait appeler ou définir la tendresse pour la vérité passée, c’est-à-dire une douce amertume d’avoir pour ennemi la mémoire. La nostalgie, c’est la douce amertume d’avoir pour seul compagnon et ennemi, la mémoire.

Dit autrement, c’est la conscience par l’émotion du fait que le temps passe. La conscience par l’entendement que le temps passe, c’est de regarder sa montre ou de voir sa paie tomber : ça y est, on est le 26 du mois. La conscience par l’émotion, c’est ce serrement au cœur à rouvrir un manga de sa jeunesse ou les diapos de Mountain Valley sur le drap blanc dans le salon ou cette petite mort dans Beethoven, le deuxième mouvement, le lent, du quatrième concerto pour piano.

Bref, le temps passe, c’est le cas de le dire… et il me faut conclure. Ce genre de moment — un psychanalyste fou réagirait : ce genre de maman — ce genre de moment, donc, c’est l’occasion de faire surgir une troisième voie dans la conscience du temps qui passe, celle de l’art et de la matière. L’art. Car l’art, c’est – dans un sens finalement très étymologique – la capacité que nous avons de modifier ce qui nous entoure dans sa substance même. Si vous complétez un tableau Excel, il finira par disparaître et ce n’est pas de l’art, mais si vous faites de ce tableau Excel quelque chose d’autre… alors là, là il y a une chance pour que ce soit de l’art et on est fondé à croire, alors, que ce déplacement, ce changement de substance, a fixé quelque chose dans le temps qui passe.

L’art donc, c’est le clou d’un événement sur le mur glissant du temps.

Je vous remercie de m’avoir écouté et je vous laisse découvrir comme moi ce nouveau  Kanak.

Corentin

2018 – Caroline – Japan Expo

JAPAN EXPO, DE CAROLINE, INAUGURÉ LE 15 AVRIL 2018

En 2017,  j’accompagnais Yves qui était en déplacement à Tokyo. C’était déjà la deuxième fois que je visitais la ville, ses jardins, ses monuments historiques. Le jour du départ nous avions un peu de temps avant de nous rendre à l’aéroport et donc pour tuer le temps nous déambulions dans les galeries commerçantes de la gare centrale de Tokyo. Nous étions rentrés dans un espace souvenirs avec de nombreux objets gadgets pas chers. J’avais repéré des éventails, mais je ne savais pas à qui j’aurai bien pu offrir des éventails en rentrant en France. Nous étions sortis et nous nous dirigions pour aller prendre le train, quand soudain, et ce fut fulgurant, j’ai eu l’idée d’utiliser des éventails pour en faire une forme ronde. Et cette forme ronde c’était une horloge comme on en voit dans certaines gares qui indiquent les horaires des grandes capitales ou grandes villes du monde. Ni une ni deux, je préviens Yves que je retourne à la boutique de souvenirs pour acheter des éventails, pas eu le temps de lui expliquer mon idée. Dans le magasin je sais que le temps est compté, il faut que je fasse vite. Il me faut 3 éventails par forme ronde. Pour 4 toiles il en faut donc 12. Par sécurité et car je n’ai pas le temps de vraiment choisir j’en prends 14. Nous sommes arrivés à l’aéroport in extremis !

Pour la réalisation, 4 toiles blanches, les éventails sont collés à même la toile. Deux brins rouges pour indiquer les aiguilles. Puis le sous-titre en japonais réalisé par Yves avec une découpeuse à laser.

Cette réalisation intemporelle fixe 4 villes : New York, Londres, Tokyo, Moscou.

2017 – Caroline & Yves – Dé jeux

DE JEUX, DE CAROLINE & YVES, INAUGURÉ LE 01 JANVIER 2017



Le « dé mur », est l’expression du jeu déstructuré.
Partie d’une envie d’utiliser les jeux qui ne servaient plus, bien rangés dans les boîtes au fond de tiroirs. Redonner une nouvelle vie à des jeux autrefois souvent utilisés en famille ou avec des amis.
Alors, c’était là le départ pour une nouvelle idée du .
Six tableaux, une légère entorse au concept, mais une autorisation accordée sans difficulté par le créateur.
Un dé, sur un support, pouvant tourner, pour pouvoir voir les différentes faces. 6 faces, donc 6 jeux.
Une première face propose le jeu de scrabble avec ses lettres posées sur un support rigide. Mais l’idée là est de mixer ces lettres aves des cartes où figurent également des lettres. Les points sont comptabilisés avec les dés et les pions noirs sont des jokers.
Une deuxième face propose un jeu de mikado géant, qui pourrait trouver sa résolution en résolvant tout ou partie des énigmes qui l’entourent, en rajoutant une difficulté ou pour départager les candidats, avec un lancer de dés.
Une troisième face propose un jeu d’échec. Toutes les pièces du jeu traditionnel sont présentes. Mais le jeu se joue sur et en dehors du terrain. Dans cette partie, le roi noir a séquestré la dame blanche, qui est tenue prisonnière et gardée par les fous. Le roi blanc, avec sa cavalerie, pour la délivrer, doit franchir une ligne de soldats. L’histoire est totalement libre d’interprétation et les joueurs racontent leur tactique au moment où ils avancent dans la partie.
Une quatrième face propose un château de cartes, qui est un labyrinthe où se cachent des points. Cela pourrait tout aussi bien être un parcours de golf. C’est un jeu où les joueurs se mettent d’accord avant de jouer sur le lieu et le mode du parcours. Choisir une couleur, cœur par exemple et placer ses pions devant les cœurs, ne pas franchir la ligne blanche …
Une cinquième face propose de faire le maximum de figures avec des tangram et des pièces de majong. Jeu solitaire, qui vide bien la tête.
Enfin la sixième face revisite le jeu des petits chevaux, avec à la place des chevaux des voitures et le concept du mille bornes revisité. Les voitures doivent pouvoir grimper jusqu’au sommet pour gagner.
Aucun de ces jeux fantasques ne sont réellement jouables … mais pourquoi pas. Cette installation est éphémère, comme les parties de jeux.
Caroline & Yves